Description
Basilicate, un viatique
Champs d’éoliennes à perte de vue. Fossés débordants de détritus. Vieux pneus, emballages divers, bidets brisés papiers usagés et autres ferrailles usées. Déchetcetera. Pas de doute, vous êtes dans le Sud. De çà en là, une chandelle. Ou plutôt deux. Comme les hirondelles, elles vont par paire. Une jeune, une vieille. On se surveille, le métier se transmet, la main passe. Main basse sur les crédits européens tandis que s’installe l’amour vénal. On sait qui tire les ficelles.
C’est triste à dire mais il faut reprendre l’autoroute pour retrouver une campagne présentable.
Larges champs couvrant les côteaux. Vallons et vallées que surplombe la route. Et nous, voyageurs mécanisés de parcours aseptisés dont les slogans lumineux nous tiennent lieu désormais de morale.
Un choc pourtant. Une surprise. Le viaduc de Melfi. Sorti de nulle part, il s’étend de tout son long à travers la vallée qu’il avale d’un trait. Une trouée végétale à la sortie d’un virage dévoile l’ouvrage et ses arcades nombreuses. Enfilades de croches binaires courant sur toute sa portée.
Millepatte vertigineux, l’autostrade extraordinaire te transporte au bord du ciel. Édification symbolique des roaring sixties, ou seventies, sans doute. Soutien tardif du Nord, emprunté de culpabilité, au Mezzogiorno délaissé. Opération restée sans suite. La route n’est pas en bon état. L’entretien n’a pas suivi. Faute de moyens, de crédits, évaporés sous la chaleur méridionale.
On sait qui tire les ficelles de l’économie locale tandis que s’agitent les marionnettes de l’amour vénal.
(…)